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Joseph Darnand : le héros collaborationniste

par Provence 1944 3 Janvier 2016, 16:41 Biographie

DARNAND Aimé-Joseph, né à Coligny le 19 mars 1897.

Son père est chef de voie à la gare de Bourg. Elevé dans une famille nombreuse (7 enfants plus 4 en nourrice) où la mère travaille, Joseph travaille durant les vacances scolaires comme pâtre. Malgré une ferveur chrétienne très prononcée, la mésentente s'installe dans le couple Darnand et rapidement, Mme Darnand quitte Coligny pour s'installer à Bourg. Autoritaire en famille, Joseph Darnand, quoique gentil avec ses frères et sœurs, n'est pas un enfant communicatif. Malgré un revenu familial modeste, Joseph Darnand fréquente l'école St Louis à Bourg jusqu'à 11 ans, puis est placé comme pensionnaire au collège Lamartine de Belley. Là, il suit les cours jusqu'à la classe de 4e époque à laquelle il arrête les cours à cause de l'étouffante discipline de l'internant et du peu de prédisposition qu'il montre pour les études. Il rentre vivre à Coligny et travaille comme boulanger à l'asile psychiatrique de Bourg puis rentre en apprentissage chez M.Dumarchy, ébéniste où il reste 3 ans. Sa mère lui paye cette formation 20 sous par semaine durant 3 ans, durant lesquelles il laisse un bon souvenir, fréquente le cercle paroissial mais s'intéresse déjà aux filles.

Alors que la guerre éclate en Août 1914, Dumarchy, qui est mobilisé ferme boutique. Dès lors, il cherche à s'engager. En 1918, son commando s'empare de documents allemands essentiels qui permettent de connaître le plan de l'offensive ennemie du 15 juillet 1918, qui sera vouée à l'échec immédiat grâce au général Mangin. Darnand reçoit la médaille militaire des mains du général Pétain, à qui il voue ensuite un attachement sans borne. Héros de la guerre de 14-18, deux fois blessé, six fois cité dont deux fois à l'ordre de l'Armée, Darnand est titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre belge. Il termine la guerre adjudant.

En septembre 1919, il s'engage pour deux ans dans l'armée mais ne réussit pas à devenir officier et part en permission libérable en juillet 1921. En 1923, employé d'une entreprise de meubles, il s'installe à Lyon où il adhère à l'Action française . En 1925, il est nommé à Nice et poursuit ses activités au sein de ce mouvement. Il devient président du comité directeur de l'association Marius Plateau, qui réunit les anciens combattants de l'Action française. Il reçoit la Légion d'Honneur dans la cour d’honneur des invalides le 7 avril 1927. Durant cette période, il est à l’honneur de la presse départementale ; Journal de l’Ain, l’Ain à Paris et surtout le Bulletin de l’Association Amicale des Anciens Elèves de l’Ecole St Louis de Bourg qui lui consacre presque un numéro entier. En 1927, il rencontre Félix Agnély qui l'encourage au sein du même mouvement et lui présente Marcel Gombert, qui deviendra son bras droit. Il quitte l'Action française en 1928. En 1934, il est membre des Croix-de-Feu. Il adhère à la Cagoule peu après et en devient le responsable dans la région Sud-Est. Il fait alors la connaissance de Jean Filliol. Il adhère au Parti populaire français (PPF). Le démantèlement de la Cagoule se poursuivant, il est arrêté en juillet 1938. Ses avocats sont Xavier Vallat et Robert Castille. En prison, il reçoit la visite de Jean Bassompierre qui devient son ami. Bénéficiant d'un non-lieu, il est libéré en décembre. Lieutenant de réserve, il retrouve Félix Agnély lors de son affectation à un corps franc rattaché au 24e bataillon de chasseurs alpins dont le commandement lui échoit à la mort de ce dernier. Il est distingué par la rosette de la Légion d'honneur. Capturé par les Allemands le 19 juin 1940, il s'évade du camp de Pithiviers en août 1940 avec la complicité de Marcel Gombert. Il rencontre Pétain à plusieurs reprises durant l'été 1940, ce qui lui permet d'obtenir la direction pour les Alpes-Maritimes de la Légion française des combattants, qui se réunit pour la première fois le 9 octobre 1940 et qui remporte un vif succès. Il est un des organisateurs des " groupes de protection " créés à Vichy et regroupés sous le nom de " Centre d'information et d'études ".

En janvier 1942, Joseph Darnand s'installe à Vichy. En juin 1942, il devient membre du comité directeur de la LVF. En 1943, il prend contact avec des résistants dans l'idée de changer éventuellement de camp. Mais en août 1943, il est intégré dans les rangs de la Waffen-SS avec le grade de chef de bataillon et prête serment à Hitler. Avec Marcel Déat, il envoie à Hitler en septembre 1943 un " plan de redressement français " qui reproche au gouvernement de Pétain et de Laval sa " mollesse ". Sa sœur habite le quartier Bel-Air à Bourg. Afin de venir lui rendre visite, il vient en civil et incognito afin d’éviter les tentatives d’assassinat immanquablement prévues ; il sauve aussi la vie à son futur beau-frère et le frère de ce dernier, FFI de l'Ain, arrêtés par les Allemands, à Bourg, en les faisant libérer.

Le 6 novembre 1943, il lance dans Combats un appel public pour l'enrôlement des miliciens dans la Waffen-SS. Il entre dans le gouvernement de Vichy comme secrétaire général du maintien de l'ordre le 30 décembre 1943. En janvier 1944, son autorité s'exerce sur l'ensemble des forces de police. Il est habilité à créer des cours martiales. Le 13 juin 1944, Darnand est nommé secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Le 6 août 1944, au moment où les forces alliées débarquent en Normandie, Pétain lui adresse une lettre où il prend ses distances avec la Milice et dénonce les débordements de cette dernière. Après la libération de Paris, Darnand se réfugie à Belfort avec quelques miliciens fidèles puis participe à la " commission gouvernementale " de Sigmaringen. Dans son repli aux côtés de l'occupant, il entraîne les miliciens les plus fanatiques au sein de la division Charlemagne où il n'exerce plus aucun commandement et ne combat même pas. Avec un bataillon de miliciens, il part en mars 1945 en Italie combattre les partisans.

Il y est arrêté le 25 juin par un service spécial anglais et remis à l'armée française. Jugé, il est condamné à mort et exécuté le 10 octobre 1945.

Considéré par tous ceux qui l'ont connu "comme un soldat simple et franc du collier"[1], il passe pour une grande gueule et un "m'as tu vu" pour les bressans qui l'ont connu descendre à toute vitesse l'avenue Alsace Lorraine à Bourg en voiture de sport.

[1] GORDON (Bertram) : Un soldat du fascisme : l'évolution politique de Joseph Darnand in Revue d'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale. N°108, Octobre 1977.

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